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Libération
TRIBUNE

Défendre le verbe contre le glaive

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par Germain LATOUR
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

La chose était redoutée. Elle était inéluctable. Elle est advenue. Me Catherine Maizière, avocate au barreau de Laon, a été déclarée coupable de violation du secret professionnel. Pourquoi ? Pour avoir accompli un acte ordinaire de son métier, défendre son client !

Les faits sont écrasants de simplicité. Me Maizière est désignée par un client accusé d'un viol et placé sous mandat de dépôt. Cet homme conteste les faits, et au surplus indique que le jour des faits, il était souffrant et se serait rendu chez son médecin. De deux choses l'une : cette dernière allégation, dont pourrait dépendre l'issue du procès (ne serait-ce que sur la question de la compatibilité des horaires entre visite chez le médecin et heure de l'agression), est vraie ou fausse. Pour le savoir, il faut donc vérifier ; ce que tente de faire l'avocate en demandant à la famille de son client de rechercher les preuves notamment de cette visite chez le médecin. L'avocat n'étant ni témoin des faits ni encore moins, par principe, témoin de moralité de son client ne peut donc que s'en remettre à la famille de son client. Ce que les uns et les autres ignorent, c'est que la famille est placée sous écoute téléphonique et que dès lors l'entretien avec l'avocate est enregistré et transmis au juge qui décide la mise en garde à vue de l'avocate puis sa mise en examen pour violation du secret professionnel, interdite désormais (judiciairement !) de défendre son client. La voilà, depuis le 6 septembre, condamnée par le trib