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Libération

Katrina balaye les non-dits raciaux

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publié le 26 septembre 2005 à 3h50

Les images de La Nouvelle-Orléans sont restées comme une arête dans la gorge du public américain. Tous les médias ont donné la parole à des Américains s'indignant de voir sur leurs écrans des scènes «dignes du Bangladesh». Non sans un certain manque de respect pour le Bangladesh qui fait régulièrement face avec détermination à des inondations majeures, ils exprimaient ainsi le désarroi d'être incapables de gérer un tel désastre d'une manière digne du «pays le plus riche du monde».

Mais surtout la catastrophe les a confrontés à des images de pauvreté auxquelles ils échappent d'ordinaire. La vérité est que les citadins noirs américains, principales victimes de Katrina, vivent dans un état de pauvreté qui, sans atteindre la situation du Bangladesh, rappelle par certains aspects celle d'un pays en développement.

La santé est l'un de ces aspects. Le taux de mortalité infantile (décès avant un an) chez les enfants noirs était de quatorze enfants pour mille naissances durant l'année 2000. Le même pourcentage qu'au Kerala, Etat du sud de l'Inde, connu pour la qualité de ses services publics, mais infiniment plus pauvre que les Etats-Unis. Chez les enfants blancs, le taux de mortalité infantile était de six pour mille, un des plus bas du monde, presque deux fois et demie plus faible que chez les Noirs. La différence est de huit sur mille, ou 4 981 pour l'année 2000. Chaque année, le nombre de décès évitables chez les enfants noirs est 463 fois supérieur au nombre de décès dû à Katrina.