Après le non français au référendum du 29 mai, le résultat des élections allemandes du 18 septembre approfondit la crise de l'Europe et de la gauche. Il contribue, en même temps, à l'éclaircir, parce qu'il constitue une nouvelle illustration de l'indécision, des doutes, mais aussi des attentes des citoyens de nos deux pays et de l'Union européenne.
Les élections allemandes sont l'expression de plusieurs refus, d'un choix négatif ou d'une incapacité à choisir. L'Allemagne, contrairement à tous les pronostics, a voté à gauche, mais sans donner à celle-ci un mandat pour gouverner. Elle a clairement rejeté le programme ultralibéral proposé par la CDU-CSU. Angela Merkel a subi un camouflet personnel : partie à 49 % dans les sondages en juin, elle arrive à 35 % en septembre, notamment parce qu'elle a orienté trop à droite son projet flat tax de 25 % sur tous les revenus, suppression de «niches fiscales» favorables par exemple au travail de nuit, réforme du droit du licenciement, remise en cause de la cogestion, report de l'âge légal de la retraite à 70 ans y compris par rapport à l'électorat d'un parti qui a été, jadis, à l'origine de la notion progressiste d'«économie sociale de marché».
Gerhard Schröder, lui, subit une défaite inespérée mais une défaite tout de même. Il a tiré son parti des abîmes pour le ramener à 34 %. Il demeure que la coalition sortante, rouge-verte, plafonne à 42 % des voix et est donc tenue pour comptable de la montée insupportable du chômage près de