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Libération
TRIBUNE

Sur la foi d'Henri Langlois.

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par Jacques Richard
publié le 30 septembre 2005 à 3h53

Henri Langlois va bien. Son fantôme hante nos vies et nos mémoires plus que jamais. Sa Cinémathèque fait peau neuve dans un superbe bâtiment moderne du XIIe arrondissement, se rapprochant en cela, encore un peu plus, de la jeunesse. L'Etat lui octroie des budgets longtemps refusés et Martin Scorsese honore sa mémoire. Je ne regrette pas d'avoir consacré sept ans de travail à un film de trois heures trente, le Fantôme d'Henri Langlois (1), d'avoir réalisé des interviews de plus de cent personnalités du septième art, aussi diverses que Claude Chabrol, Daniel Cohn-Bendit, Nicolas Seydoux, Pierre Cardin, Claude Berri, Jean-Pierre Léaud, Jean Rouch, Jean Tulard... Car parfois il arrive d'entendre, au détour d'une émission de radio, certaines aberrations auxquelles heureusement ce film répond implacablement.

C'est ainsi que France Culture, samedi 24 septembre, consacrant deux heures d'antenne à l'histoire de la Cinémathèque française, donne la parole à un «révisionniste» de l'histoire du cinéma, Pierre Barbin, que Malraux tenta de pousser en février 1968 à la place de Langlois, et qui cherche aujourd'hui à salir la mémoire et l'honneur du fondateur de la Cinémathèque. L'émission est riche, certaines informations sont intéressantes, la musique de Trenet Que reste-t-il... est à propos, mais les soupçons de collaboration d'Henri Langlois sont odieux, et évoquent perfidement des «ambiguïtés».

Aucun historien de cinéma ni aucun cinéphile ne conteste plus le rôle unique joué par le fondat