Depuis plusieurs semaines, un bras de fer s'est engagé aux frontières espagnoles de Ceuta et Melilla entre les demandeurs d'asile et les autorités de Madrid. Des morts, des blessés par balle. Les barbelés des camps sont pris d'assaut par des requérants toujours repoussés plus loin. La frontière méditerranéenne ressemble de plus en plus à celle des Etats-Unis avec le Mexique : elle est jonchée de victimes. L'opinion publique découvre brutalement la réalité : des êtres humains préfèrent mourir plutôt que de continuer à vivre dans la misère et l'humiliation. Le gouvernement espagnol est mis à l'épreuve ; on ne voit pas comment il pourrait trouver une solution qui satisfasse tout le monde. L'Union européenne a ses exigences ; c'est la géographie qui fait de l'Espagne le poste le plus avancé de la prospérité. Les frontières ont disparu à l'intérieur de l'Europe, elles se transforment en camps à l'extérieur de l'Europe.
Ainsi, la métaphore de la forteresse assiégée est plus vraie que jamais. L'Europe a décidé d'installer des camps sur ses frontières, elle commence à voir ce que cela coûte en vies humaines. Les ultimes avancées de cette politique des camps se sont faites en Afrique, en particulier entre la Méditerranée et le Sahara. Le Maroc subit une forte pression de la part de l'Union européenne pour renforcer le contrôle de ses frontières, dissuader et refouler les migrants subsahariens tout en les stoppant dans leur chemin migratoire vers l'Europe. Bref, pour jouer le rôle de «