«Un parti de militants tourné d'abord vers lui-même et donnant à ses problèmes internes une importance parfois démesurée» : cette définition qui semble s'appliquer au Parti socialiste de François Hollande s'applique en fait, dans le livre l'Ambition et le remords, à la SFIO de Jaurès et Blum dont l'acte officiel de décès fut prononcé en 1969. Mais cette persistance dans l'être, n'est que la partie visible d'une histoire du socialisme français dont Alain Bergounioux et Gérard Grumberg établissent bien les circonstances de sa naissance. Au tournant du siècle (le précédent) c'est sur pression de l'Internationale socialiste que les groupes se réclamant de l'émancipation ouvrière sont invités à fusionner dans une seule organisation. Cela sera fait en 1905 mais la SFIO qui se crée sera d'emblée placée sous le signe de la pluralité des courants et, surtout, de la séparation du mouvement syndical qui, sous influence anarcho-syndicaliste, conservera son autonomie sanctionnée par la charte d'Amiens (1906).
Voilà donc un parti qui n'est issu ni du mouvement ouvrier, ni du système coopératif, qui n'a même pas l'exclusivité de la défense des valeurs de 1789, et qui s'inscrit dans le millénarisme marxiste de renversement du capitalisme, de l'abolition du salariat et de l'extinction du paupérisme. Cette eschatologie qui veut que l'Histoire ait une fin (radieuse) est inscrite dans ce que les auteurs appellent «le modèle génétique» du socialisme et il se perpétuera malgré la rupture avec les