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Libération
TRIBUNE

Triste citoyenneté allégée

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par Meidad BENICHOU
publié le 8 novembre 2005 à 4h28

L'engloutissement de la démocratie «contractuelle», d'une démocratie comme lieu où s'exerce le pouvoir d'un peuple souverain et responsable, et l'avènement d'une démocratie à la fois molle et tolérante, désaffectée et multiculturelle, ont entraîné l'apparition d'un nouveau modèle de citoyen : l'homme à la fois ultra-tolérant et ultra-suspicieux.

Autrefois, l'exercice de la citoyenneté impliquait de posséder les vertus civiques, les fameuses vertus républicaines. Concrètement, l'engagement civique se manifestait par l'action militante ou la défense d'une idéologie. Le citoyen modèle était cet individu convaincu du bien-fondé des principes républicains, acquis aux valeurs nationales jusqu'à la disposition au sacrifice. Aujourd'hui, tout le monde l'affirme, le désintérêt public pour la politique est grandissant. Il est nourri à la fois d'ignorance et de défiance, voire de répugnance vis-à-vis de la sphère politique. En revanche, les «affaires» qui secouent le «monde politique», elles, connaissent tous les égards médiatiques. Comme si l'abstentionnisme, que l'on tient coutumièrement comme l'expression la plus évidente de cette déréliction politique, était l'expression d'un dégoût incontestable à l'endroit d'une politique corrompue. Il serait alors malvenu au citoyen d'aujourd'hui et décrédibilisant d'exprimer autre chose qu'une suspicion pour dire le moins à l'endroit de l'exercice du pouvoir politique.

A cet égard, il semble que le non de la France qui s'est exprimé à l'issue du