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Libération

Mots brûlants de Villepin

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publié le 9 novembre 2005 à 4h28

Ce sera donc cela, l'ordre «républicain». Ce sera l'ordre de la République national-molletiste à quoi le grand silence de la direction socialiste aspire et acquiesce. Pour enfoncer le clou d'une République ségrégationniste comme aux pires journées de la guerre d'Algérie et signifier que cette ségrégation est d'essence ethnique autant que sociale, il fallait, autant que l'annonce de la fin du collège unique, ces mots-là d'«état d'urgence», de «couvre-feu» et de «loi de 1955» ­ mots terrifiants en ce qu'ils viennent à point conforter la représentation du «bronzé» dans celle du chômeur, et de l'indigène dans celle du sauvageon. A la manière de la loi dite «sur la laïcité» qui discrimina, à travers l'interdiction du voile à l'école, les jeunes filles d'origine musulmane, l'appel à la loi d'exception de 1955 discriminera leurs frères tout comme son application, à Paris, en octobre 1961, par exemple, avait discriminé leurs pères et grands-pères. En n'apportant rien au pot qui soit susceptible de calmer, sinon la fièvre, du moins ses causes évidentes, Villepin aura sciemment ou non fait en sorte que, des «mesures» qu'il annonça lundi soir, ne soit audible, à tort ou à raison, que ce qui les décrédibilise. A ne servir à la table des affamés que des miettes de carottes et un très gros bâton, il ne faudra pas qu'il s'étonne que ne soit retenu que le très gros bâton. A cette nuance près que lui parle de «délinquants» où son ministre de l'Intérieur évoqua la «racaille», son gros bâton t