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Libération
TRIBUNE

Compter pour qui ?

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par Alain Foix
publié le 10 novembre 2005 à 4h30

L'idée a pris comme un feu de brousse. Pour lutter efficacement contre les discriminations, il faut compter les minorités. Les minorités ? Combien de divisions ? La main sur le coeur, on nous assure qu'il ne s'agit pas, quelle horreur ! d'instaurer des quotas. Non ! Cette vilaine idée de quotas, jetée par la porte, ne reviendrait pas par la fenêtre grande ouverte du comptage des humains. Comptage et quotas ne seraient pas non, quelle idée ! de même racine, je veux dire identitaire. Demandez à Alain Rey.

Le comptage comme nouvelle arme de lutte contre les inégalités sociales, ethniques. Oh ! la belle idée. Puisque le roi est comptable, il lui faut donc des comptes pour faire régner ordre et justice. Au secours, Beaumarchais, danse-nous à l'envers, sur la tête, une breakdance : «Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint.» Et les danseurs dansent une danse du feu, du feu des banlieues.

Compter ? Compter ? Mais à quoi bon compter ? Et pour qui ? Ils sont déjà parqués. Allez donc en plein jour à l'antenne Assedic de Pavillons-sous-Bois et cherchez-le, le «banquable», c'est-à-dire blanc, mâle et de moins de 50 ans. Bonne chance. Prenez le RER en dehors des heures dites «normales» de bureau et cherchez-le encore. Bonne chance. Parcage territorial, parcage horaire. Dans le pays de Nelson, ça s'appelait apartheid. Dans la France d'aujourd'hui, celle de Tartuffe costume trois pièces : «panne d'ascenseur». Comme s'il y avait un ascenseur. Au coeur de ces grandes tours, il