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Libération

Paris irréel, pari perdu

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publié le 14 novembre 2005 à 4h33

Décisif, mon cul ! se dit Zazie (la Zazie de Queneau, pas celle du hit-parade) en sortant d'une bouche de métro. Depuis vendredi, sur les fréquences préfectorales, elle l'entend radoter en boucle que le week-end sera «décisif». Et elle croise des bleus partout, que deux fantasmes croisés ont mobilisés pour jeter ce rideau de peur sur la ville. Le premier, dit du Désert des Tartares, a trait à l'envahissement de la capitale forteresse par ses périphéries miséreuses (sur France Inter, un animateur facétieux l'a mis en musique en faisant chanter à Reggiani que Les loups sont entrés dans Paris). Et ce fond de sauce ambiant étaye le second fantasme d'une numérique insurrection qu'à coups de SMS et de chats et de blogs, Al-Qaeda, peut-être, s'apprêterait à ordonner... Vous rigolez ? Zazie aussi, mais autour d'elle, ça ne rigole pas tant que ça. La moindre sirène pimponnant ses aigus fait chercher des flammes quelque part, mais c'est une ambulance du Samu qui passe. A Belleville, ces bus bourrés jusqu'à la gueule, est-ce Papon qui les réquisitionna pour évacuer des émeutiers potentiels, ou un attentat souterrain ? Juste des travaux sur la ligne de métro Châtelet-Lilas, sourit un chauffeur RATPiste. Mais ces embouteillages, vers les Halles à zyvas, c'est chaud, là ? Non, c'est la pluie... Pas plus que le Chirac de l'Etoile et du vendredi matin, le Sarkozy du samedi soir au Rond-point ne sera donc parvenu à foutre le feu aux Champs. Ils ont l'air malin, maintenant, avec leur couvre-f