L'enjeu de la «société de l'information» est le développement de ce que l'Unesco avait appelé «les sociétés de savoir». L'avenir du capitalisme, c'est-à-dire de la planète, est suspendu à une augmentation de l'intelligence et de la connaissance. Même si la propriété industrielle peut conduire à en limiter la circulation, le savoir est essentiellement ce qui est partagé et partageable par tous. Les conditions d'un tel partage changent en profondeur dans le contexte de technologies numériques cognitives et culturelles qui reconfigurent l'espace public mondial en totalité. La connaissance et la «société du savoir» ne peuvent se constituer et se produire dans cette nouvelle forme de l'espace public que pour autant qu'il sera structuré et régulé en vue d'être au service d'une organisation sociale toujours plus et mieux armée pour discerner, critiquer, créer, transmettre et recevoir les savoirs et les connaissances, et améliorer ainsi la vie de l'esprit des populations du monde entier.
Le sommet de Tunis (1) est le rendez-vous manqué de ces enjeux au moment même où il est absolument urgent et indispensable que la communauté internationale prenne conscience de la nécessité de privilégier l'intérêt général sur les intérêts particuliers en développant une politique mondiale des technologies industrielles de l'esprit. Ce sommet de l'ONU ne permettra pas de poser la principale question, qui est celle des relations entre information, savoir, technologie, industrie et société comme enje