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Libération
Critique

Combat d'avant-garde

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publié le 16 novembre 2005 à 4h35

Ça commence par un tête à tête savoureux entre l'auteur et son «douanier céleste». Et l'auteur de confesser que, dans sa jeunesse, il a cru à un truc... un truc fou, mais qui l'a porté loin et longtemps. Il a cru au progrès et à tout ce qui va avec. Jean-Paul Besset, ex-journaliste et ex-directeur de la rédaction du Monde, est un ancien soixante-huitard qui va à confesse. Exemple : il défendait l'emploi d'ouvrières de l'amiante sans se soucier une seconde de la dangerosité des fibres qu'elles manipulaient. On ne lui jette pas la pierre, l'environnement et la santé environnementale, à l'époque, étaient le cadet des soucis de la génération de ceux qui «n'ont pas changé le monde mais qui se sont bien marrés» (d'après le titre de l'ouvrage de Thierry Ardisson). Hier l'amiante ou les éthers de glycol, demain les OGM ou les nanotechnologies. On a toujours préféré le progrès à la précaution. Il est plus logique de s'engouffrer dans des impasses «techniciennes» que de penser que la planète, ronde et bleue, regorge de ressources limitées. Dont l'humain.

Besset n'a pas retourné sa veste, il l'a rangée au placard avec les boules de naphtaline qui sentent la révolution des grands soirs, le développement, la croissance et, bien sûr, le progrès. A force de courir les chimères de l'émancipation, l'homme a écopé d'un asservissement inédit : l'addiction au progrès et à toutes ses déclinaisons. Aujourd'hui nous dit-il, on le paie très cher. Il n'y a qu'à lire sa description documentée et chaot