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Libération

Fabius face à l'indifférence

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publié le 16 novembre 2005 à 4h35

Laurent Fabius est un mystère. Voilà un prétendant à la fonction présidentielle dont personne ne conteste qu'il ait l'envergure de ses ambitions. Que ce soit comme Premier ministre, de 1984 à 1986, ou comme ministre de l'Economie et des Finances, de 2000 à 2002, il s'est montré à la hauteur de ses responsabilités. A gauche, son expérience apparaît aujourd'hui presque unique. Plusieurs portefeuilles ministériels dans des circonstances compliquées, la présidence de l'Assemblée nationale et celle du groupe socialiste, la direction du Parti socialiste et celle du gouvernement, plusieurs mandats locaux, qui peut dire mieux ou plus ? Dans les grandes occasions, Laurent Fabius devient un orateur redoutable, parfois même un tribun impressionnant. Au PS, personne n'est mieux organisé que lui, plus méthodique, plus méticuleux. Chaque intervention à la radio ou à la télévision est préparée avec une minutie extrême, chaque formule est polie, repolie, lustrée et testée. A côté de lui, ses rivaux font toujours figure d'amateurs. S'il n'est pas homme à improviser, il a l'art de tisser des réseaux, d'entretenir et de cultiver son courant avec une patience de jardinier japonais. Il a de l'autorité, il s'avère même très vite autoritaire, impérieux, voire cassant. En politique, ce n'est pas toujours un défaut, et, en tout cas, tous ceux qui sont entrés jusqu'ici à l'Elysée apportaient avec eux ce bagage-là. Par-dessus tout, Laurent Fabius désire passionnément, depuis au moins trente ans, deven