De tous les présidents français de la Ve République, François Mitterrand fut celui qui entretint l'amitié la plus ancienne et la plus profonde pour Israël, pour son peuple et son histoire. Pourtant, il n'hésita pas à encourir les foudres de ses dirigeants pour voler au secours de l'OLP et de son chef, Yasser Arafat. C'est cet apparent paradoxe que Jean-Pierre Filiu tente d'expliquer dans Mitterrand et la Palestine.
François Mitterrand fait partie de la génération entrée en politique au lendemain de la Shoah. Jusqu'à son arrivée au pouvoir, son appui à Israël et à sa politique est presque sans faille. Cet engagement, jamais démenti, n'empêche pas François Mitterrand de rencontrer Yasser Arafat, dès 1974, lors d'un voyage au Caire. S'il est le premier président français à effectuer, en 1982, un voyage officiel en Israël, il est aussi le premier à évoquer un «Etat palestinien» du haut de la tribune de la Knesset. Quelques mois plus tard, il négocie et organise le départ de Yasser Arafat, à l'issue du long et sanglant siège de Beyrouth. En 1983, il sauve à nouveau le chef de l'OLP, cette fois des griffes du président syrien, Hafez el-Assad, à Tripoli.
En prenant la défense de Yasser Arafat, il veut d'abord servir la cause de la paix, permettre à Israël d'avoir le moment venu un interlocuteur avec qui négocier. Il arrache même des concessions de poids à Arafat durant sa visite à Paris, lorsqu'il le force à prononcer le mot «caduc» à propos des articles de la charte de l'OLP qui app