Menu
Libération
TRIBUNE

Nécessaire réconciliation

Article réservé aux abonnés
Les quartiers n'ont pas besoin de peines de prison mais de dialogue entre générations.
par Michel MARCUS, magistrat.
publié le 18 novembre 2005 à 4h36
(mis à jour le 18 novembre 2005 à 4h36)

Envoyer plus de 600 personnes, en quelques jours, dans des prisons de la région parisienne où le taux d'occupation est en moyenne de 140 %, ne semble préoccuper personne, pas plus ceux qui s'arrogent le titre de deus ex machina de la sécurité, que ceux qui délivrent les titres d'entrée dans ces enceintes. La jonction définitive entre la délinquance et un mouvement social est ainsi réalisée au nom de notre sécurité grâce à la prison. L'histoire montre que la prison est le terreau idéal pour la diffusion de toutes les idéologies violentes, à commencer par celle de l'extrémisme religieux ; rappelons-nous les premiers terroristes islamistes venus de la révolte de Vaulx-en-Velin. L'histoire montre aussi que les gangs et groupes mafieux se sont toujours formés en ce lieu, car la transmission des savoir-faire criminels s'y déroule avec une facilité déconcertante. Plus que jamais, la prison va devenir le lieu de formation d'excellence des jeunes des quartiers. Un lieu presque permanent, car si l'on ajoute à la population immédiatement mise en prison celle qui la rejoindra ou la croisera au fur et à mesure de la mise à exécution des jugements non immédiatement exécutés, on peut dire que la vie interne des quartiers dits «difficiles» dans les mois à venir sera dominée par la saga de la prison, de ses héros injustement réprimés.

Alors que la plupart ont certainement commis les actes pour lesquels ils ont été condamnés, leur processus de condamnation nous oblige à dire qu'ils sont injust