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Libération

Polygamie française

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publié le 18 novembre 2005 à 4h38

Manquait plus que cela, pour nous imprégner tout à fait les neurones d'alibi républicain... Après le complot islamiste ou mafieux organisant sur la toile ou dans les fumées de shit l'embrasement des quartiers, après l'état d'urgence et les fourgons de CRS à la queue leu leu comme autant de souvenirs de guerre d'Algérie, après le fantasme d'une guerre de religions allumée dans une seule église catholique, la «polygamie»...

Pas la «crise du logement social», que chacun serait en mesure d'entendre et de constater, mais ce mot-là, exotique et sacrilège, qui allie le péché de luxure au sacrement du mariage. Chez le chrétien ou chez la chrétienne de souche, chez le catho de gauche ou la catho de droite, on appelle ça «adultère». Qu'un peu de liant social l'organise et la morale, publique ou privée, s'en accommode aisément. Même si, en cette matière, deux toits valent mieux qu'un, et 600 mètres carrés, de patrimoine ou de fonction, aident à l'épanouissement des petits nenfants de familles nombreuses plus que leur entassement dans un F3 miraculeux, un squat ou un taudis repeint au plomb.

En ses fragrances de ragoût de mouton ou mafé de poulet et dans ses vapeurs nuageuses de riz cuit en de très collectives gamelles, «polygamie» est épatant. Les femmes y affectées s'imaginent plus souvent en boubou multicolore qu'en sévère hidjab, mais on ne peut pas tout avoir, et il était temps qu'après les Arabes, la propagande de l'UMP s'occupât un peu des Nègres : tout ça, d'ailleurs, c'est tout p