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Libération

Finkielkraut craint

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publié le 28 novembre 2005 à 4h41

Ala troisième semaine de l'absurde état d'urgence, que reste-t-il de nos amours républicaines protestées à l'endroit de la désespérance banlieusarde ? Deux tours abattues l'autre week-end à Mantes-la-Jolie et trois aumônes versées à de petits entrepreneurs promus Talent de cités pour faire des images à la télé ; une résolution du congrès du PS pour se donner à lui-même une contenance ; un projet de loi pour «l'égalité des chances» (il faut donc une loi pour cela ?) ; des juges moulinant des peines de prison fermement dissuasives, la Place Beauvau affûtant ses projets de charters, des élus piaillards cherchant des poux dans la tonsure de rappeurs émissaires. Et Alain Finkielkraut clamant trop haut ce que le racisme ordinaire pense très bassement, mais toujours aux prétextes de laïcité et de République, qui sont de bien piètres cache-misère. «Révolte à caractère ethnico-religieux», voici par lui lâché, dans le très sérieux quotidien israélien Haaretz, le morceau que lui prémâcha Samuel Huntington dans son Choc des civilisations. L'absence de Paris dans la coalition anti-Saddam avait quelque peu retenu le philosophe de Polytechnique, la loi sur le voile l'a enhardi, les délires haineux d'Oriana Fallaci le décomplexèrent, les «émeutes» le débondent. Rien de véritablement surprenant jusque-là, sauf ses excuses successivement bredouillées sur Europe 1, dans Libération et dans le Monde, où Finkielkraut tout à la fois «s'excuse», «se déteste» et «assume» (mais pour les auditeurs de