Menu
Libération
Critique

Au coeur de la Turquie moderne

Article réservé aux abonnés
publié le 29 novembre 2005 à 4h43

La question de l'adhésion turque à l'UE enflamme le débat politique français. Mais au-delà des frilosités hexagonales, la future intégration de ce pays de 70 millions d'habitants limitrophes du Moyen-Orient comme du Caucase interpelle les opinions publiques européennes sur «l'identité» de l'UE comme sur ses «frontières».

Longtemps peu connue, voire ignorée sinon des spécialistes, l'histoire de la Turquie moderne est au coeur de quatre livres récents qui ont le grand mérite de faire comprendre toute la complexité de cette société et la spécificité du processus qui a permis à ce pays musulman de construire après la Première Guerre mondiale une république laïque inspirée du modèle jacobin qui s'est transformée peu à peu en une démocratie même si encore imparfaite. La dynamique des réformes s'accélère alors que se concrétise le rêve européen avec l'ouverture des négociations d'adhésion. Mais beaucoup en Turquie même doutent de leur issue et se demandent si la politique européenne vis-à-vis d'Ankara ne se limite pas surtout «à l'accrocher sans s'accrocher».

«L'obstination turque vis-à-vis de l'UE ne traduirait-elle pas aussi l'attente d'une confirmation de son occidentalisation comprise comme synonyme de sa modernité mise en oeuvre depuis deux siècles ?» s'interroge Semih Vaner, professeur au Ceri et maître d'oeuvre d'un ouvrage collectif où ont participé nombre de spécialistes reconnus de l'histoire, de la société ou de l'économie turques. «La Turquie de 1923, dont l'acte fondateu