Menu
Libération

Madame Bovary ou les vertus de la pornographie

Article réservé aux abonnés
publié le 29 novembre 2005 à 4h43

Parmi les multiples causes qu'on invoque pour s'expliquer ce mystérieux phénomène de climatologie sociale qu'on appelle «émeutes des banlieues», personne n'a avancé le fait que ces «sauvageons» passeraient trop de temps à regarder des films pornographiques. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, on ne cessait de mettre en avant ce facteur pour expliquer les comportements délétères de ces jeunes hommes, dont l'amusement principal était, avant qu'ils ne décident de mettre feu à des voitures, de violer en bande leurs voisines des cités. Après tout, ne pourrait-on dire que s'ils brûlent des voitures c'est pour montrer qu'ils sont des hommes, qu'ils sont puissants comme les acteurs des films porno auxquels ils sont censés s'identifier ? Une fois toutes leurs voisines violées, ne fallait-il passer à une vitesse supérieure dans la démonstration de virilité ? Mais si personne ne fait aujourd'hui cette suggestion, c'est qu'au fond on ne croit pas vraiment que ces films soient cause du moindre comportement délétère. Si les mineurs de 18 ans ne peuvent les regarder, c'est qu'on les trouve tout simplement dégoûtants, non pas parce qu'ils pousseraient à commettre des actes illégaux, mais parce qu'ils rendent pensables, désirables, haïssables ou simplement imaginables certains comportements sexuels. En ce sens, le fait de mettre la pornographie hors la loi semble n'être rien d'autre qu'une restriction à la liberté de conscience.

Le plus bel exemple de la logique de ces lois antipornographiqu