C'est cette semaine que seront remis à Stockholm les Nobel, tombés en octobre parfois à pic. Et, dans leur chute, les prestigieux prix semblent avoir encore suivi une trajectoire un tantinet biaisée, tombant plus souvent d'un côté que de l'autre. Côté pile, aux grands hommes la planète reconnaissante. Côté face, aux génies féminins la mémoire condescendante.
Dès l'avant-propos de son Trop belles pour le Nobel, Nicolas Witkowski énumère les exemples. Rosalind Franklin, doublée par James Watson et Francis Crick, couronnés en 1962 pour avoir mis en évidence la structure en double hélice de l'ADN. Lise Meitner, qui découvrit la fission nucléaire mais vit le Nobel 1944 attribué à Otto Hahn. Chien Shiung Wu, physicienne qui vécut en 1957 la même mésaventure auteure par ailleurs d'un joli pied de nez à la pensée sexiste : «Je ne connais qu'une seule chose pire que de rentrer du labo pour trouver un évier plein d'assiettes sales, c'est de ne pas aller au labo du tout.» Et on imagine sans mal que cette guigne du sexe faible ne date pas de la création des honneurs suédois.
«Pour en finir avec cette histoire truquée où les femmes sont soit des curiosités de la nature, soit des muses, soit des potiches», Nicolas Witkowski dresse le portrait de quelques-unes, au rôle plus ou moins décisif, mais toujours reléguées à la marge. Ici, point de «grande synthèse théorique». Maniant l'anecdote avec érudition, le physicien, écrivain et éditeur part «à la découverte de la moitié féminine de la s