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Libération

Le sommeil d'Austerlitz

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publié le 5 décembre 2005 à 4h49

Plus éclatant symbole du génie militaire et de la gloire de l'empereur («Napoléon est mort à Sainte-Hélène/son fils Léon lui a crevé l'bidon») que cette victoire sur un plateau maigrement ensoleillé, selon les chroniqueurs de l'époque et de l'épopée, il n'y a pas. Samedi, quelques milliers de quidams en célébraient le bicentenaire brumeux et bruyant, in situ dans une morne plaine périphérique de ce qui est aujourd'hui la localité tchèque de Slavkov. Ran pataplan les tambours, Badaboum les canons, Tipiti clop le galop des chevaux, Rah la baïonnette du grognard dans la tripaille austro-russe figurante ! Très joli... Mais à Paris, hormis le pas de la ministresse Alliot-martiale hésitant entre «Tiens, voilà du boudin» et podium de haute couture sur le front d'une maigre troupe dans la cour des Invalides, rien. Au bicentenaire mal tombé, les youyous du député Grosdidier dans les chaleurs banlieusardes, le sous-amendement «Y a bon» relatif au «rôle positif de la colonisation» et le face-à-face très mortifère de l'indigène Dieudonné et du polytechnicien Finkielkraut ont contraint la République à faire profil bas ­ et quasi révisionniste par omission ­ sur l'oeuvre normalement complexe et considérable d'une figure majeure de l'histoire du continent. Un calendrier cruel n'en souligne que le rétablissement de l'esclavage, en 1802, et une polémique évoquant dans la traite négrière un «génocide». D'ostensibles voeux d'excellence scolaire dans des ghettos perpétués et de représentation c