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Libération

ZEP: la discrimination positive à la française

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publié le 5 décembre 2005 à 4h49

En quelques semaines, la flambée de violence dans les banlieues a remis le débat sur les zones d'éducation prioritaire (Zep) au centre de l'actualité. Pour certains, la cause est entendue : il est grand temps de prononcer le «dépôt de bilan» des Zep. Cette expression, propre à satisfaire tous ceux qui considèrent que l'on a déjà trop donné aux quartiers défavorisés, est d'autant plus malheureuse que le ministre de l'Intérieur a apparemment voulu dire dans le même discours que la faiblesse des moyens alloués aux Zep expliquait leur échec.

De fait, le problème posé par les Zep n'est pas leur existence, mais bien plutôt leur non-existence. Plus de vingt ans après leur création, la vérité est que les écoles classées en Zep n'ont jamais véritablement bénéficié de ressources supplémentaires. En primaire, la taille des classes en Zep est inférieure d'à peine plus d'un élève à ce qu'elle est hors Zep, et cet écart est encore plus faible dans les petites classes. A partir des fichiers du dernier panel d'élèves d'écoles primaires collecté par le ministère, on constate par exemple que la taille moyenne des classes de CP est de 21,7 en Zep (13 % des élèves), contre 22,4 hors Zep (87 % des élèves), pour une moyenne générale de 22,3. Dans le même temps, l'écart moyen enregistré au niveau des tests de compétence à l'entrée en CP est considérable entre les territoires Zep et non-Zep, de l'ordre de 10 points, soit sensiblement le même écart que celui séparant les deux extrémités de la pyramid