Ainsi, ces vérités d'évidence que des penseurs blancs et fringants, par manque de courage ou de conviction n'auront pas énoncées, il fallut qu'un vieux Nègre les rappelle. Il s'appelle Aimé Césaire, entrait cet été dans sa 93e année, et demeure une conscience poétique et politique puissante. Lundi, identifiant dans la promotion médiatique de sa possible rencontre avec le ministre Sarkozy «un piège» dans lequel «il ne tomberait pas», il formula explicitement son refus de «l'esprit de la loi de février» (l'amendement «Y'a bon»). Les écrivains Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant l'ont rejoint mardi dans un collectif déterminé à faire abolir «la loi de la honte», et, dans la nuit, invoquant «malentendu» et manque de «sérénité» (sic), Sarkozy renonçait à «sa tournée préélectorale aux Antilles», comme dit le socialiste Victorin Lurel, président de la Région Guadeloupe. A mettre en regard les réactions continentales et ultramarines au désormais fameux texte sur le «rôle positif de la colonisation», on découvre des abysses qui ne laissent pas d'interroger des brûlures où mémoire et banlieues se marient et où l'indigène rejoint le sauvageon. «Lutte ouvrière» y qualifia (lors de son congrès de dimanche) les échauffements citadins de novembre de «révolte d'asociaux». Sans atteindre au flamboyant fantasme «ethno-religieux» de nos beaux esprits parleurs, l'asocial des amis d'Arlette Laguiller n'en semble pas si éloigné. Au confusionnisme de ceux-ci et de ceux-là, on recommandera la re
Aimé Césaire, l'indigène
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par Pierre Marcelle
publié le 8 décembre 2005 à 4h52
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