Quand un pays en arrive à nier son passé par voie législative et quand il insulte la souffrance historique d'une partie de son peuple, c'est qu'il ne va pas bien. La France, ancienne terre des droits de l'homme, ne reconnaît plus tous les siens. De la «racaille» au refus de la «repentance permanente» envers ceux dont les ancêtres furent soumis à l'esclavage et autres barbaries, le gouvernement Villepin-Sarkozy banalise l'humiliation, la ségrégation et pratique une forme d'apartheid qui n'ose pas dire son nom. En effet, y a-t-il d'autres mots pour qualifier une politique qui joue sur les concurrences internes des catégories sociales les plus vulnérables et qui exploite les troubles de cet automne dans nos banlieues pour imposer au pays de nouvelles régressions en matière de libertés individuelles et publiques ?
Sous le flot d'une avalanche législative directement inspirée de l'extrême droite, l'Assemblée nationale n'est plus qu'une entreprise de destruction du fragile équilibre de notre société. Depuis la réélection de Chirac, à coups de lois Sarkozy, Perben, Villepin, Clément, on instrumentalise la peur et on installe une stratégie de la tension faisant de l'immigré la figure de la menace et de l'étranger celle de l'indésirable. On oppose une France des «victimes» à celle des «racailles», forcément coupables. Un jour, on entend des députés parler des «familles polygames» comme si tous les Africains vivant en France l'étaient ; le lendemain, un sarkozyste de choc entretient av