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Libération

Inde, les oubliés du progrès

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publié le 16 janvier 2006 à 20h04

L'euphorie qui règne en Inde forme un contraste frappant avec l'humeur française, et la presse indienne se régale de nos malheurs. Un éditorial paru dans le Hindu, un des principaux journaux anglophones, décrivait la France comme «souffrant d'une dépression collective, caractérisée par un retrait face aux challenges et aux opportunités présentés par un monde en mouvement, qui devient de plus en plus global, et demande des réponses rapides et innovatrices, de la vitesse, de la mobilité et, surtout, de la flexibilité».

L'Inde, c'est implicitement admis, répond à ces défis. Malgré une équipe au pouvoir qui allie le Congrès, parti de centre gauche, à la gauche indienne (y compris les communistes), la recherche d'une «troisième voie» de l'ère Nehru est enterrée. La presse vante le dynamisme et la flexibilité de l'économie et la soif de succès de la gen-next (nouvelle génération). La croissance est robuste (8 % par an), la Bourse ne cesse de monter, et Bush, attendu en Inde dans les prochaines semaines, traite l'Inde en puissance nucléaire légitime. Le PIB (absolu) de l'Inde dépassera ceux des puissances européennes d'ici à 2025. De nouveaux immeubles, des autoroutes et des centres commerciaux de luxe apparaissent dans les grandes villes à un rythme presque chinois. Delhi reçoit ces jours-ci sa première «conférence du luxe». L'Inde, avec sa main-d'oeuvre qualifiée, anglophone, dynamique, attire les entreprises étrangères qui y installent leurs opérations «back office» (standards té