«Et nous voici de nouveau dans le désert. Mais je ne veux pas croire qu'il ne se passera plus jamais rien. Que les citoyens n'exerceront plus leur pouvoir qu'en mettant un bulletin dans l'urne pour désigner comme souverain (à leur place) un monsieur qui a une bonne tête à la télévision.» La tonalité mélancolique de cet «Eloge de la politique» par Roger Vailland en 1964 revêt une actualité particulière. Le processus de professionnalisation politique et de présidentialisation s'est accusé, élargissant l'écart entre les jeux politiciens et les citoyens. Et puis de multiples désenchantements sont venus nourrir la mélancolie du côté gauche de la politique : désenchantement à l'égard des expériences dites «communistes» (transformées en totalitarismes), désenchantement à l'égard du PS (enlisé dans le social-libéralisme), déception à l'égard du gauchisme soixante-huitard (reconverti dans l'establishment ou replié dans des groupuscules dogmatiques) ou à l'égard des Verts («la politique autrement» s'étant métamorphosée en politique politicienne comme les autres).
Face à cette mélancolie, l'inconscient médiatique, en quête des miroitements du «neuf», participe au lancement de produits de substitution. Version nostalgique de ces marchandises en toc : «la Mitterrandomania», qui exhume un politicien manipulateur ayant contribué à la paralysie marchande de la gauche. Version modernisée : on promeut une simple image appelée «Ségolène Royal».
Mais le produit le plus vendeur semble être le «Nic