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Libération
TRIBUNE

Mahomet au beau visage

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publié le 6 février 2006 à 20h16

La transcendance de Dieu est absolue selon la croyance islamique. Son essence demeure imperceptible. Elle est au-delà de toute imagination, de toute comparaison. On ne peut la représenter, ni la définir. En revanche, Dieu se manifeste par ses attributs. Ainsi pourrait-on se faire une idée de son émanation et se rassurer de son existence. Je crois qu'il en est de même dans le judaïsme. Ce n'est pas seulement la Bible, le Coran aussi parle de Moïse qui désirait voir Dieu et qui fut frappé par la foudre sur le mont Sinaï. Pourtant, la tradition veut que le prophète Mahomet ait une rencontre avec Dieu lors du Mirac, son ascension vers le septième ciel. Dieu se serait manifesté à lui par l'un de ses nombreux attributs, cemal, qui signifie «beauté du visage». Depuis, dans la tradition populaire turque et peut-être ailleurs, on attribue à Mahomet le qualificatif, cemal, prénom très répandu dans le monde musulman.

L'islam interdit l'image, c'est un fait. Mais elle ne fut pas pour autant complètement évacuée du champ religieux dans le monde islamique ; en dehors du wahhabisme, la représentation du prophète est un constat, notamment dans la tradition ottomane. Siyer'î Nebî, qui décrit la vie de Mahomet d'après les sources arabes, est un livre illustré dont le manuscrit date du XIVe siècle. On peut y voir Mahomet avec le visage recouvert d'un voile blanc ou vert. Mais dans un autre livre dont la rédaction date également du XIVe siècle, Miraçnâme, que l'on peut consulter au musée de Topk