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Libération
TRIBUNE

Liberté d'expression et responsabilité

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par Robert MENARD et Pierre VEILLETET
publié le 13 février 2006 à 20h19

Si, parmi les musulmans, l'humiliation est un sentiment largement partagé, il ne faut pas en sous-estimer l'instrumentalisation par des régimes trop heureux de faire oublier leurs propres turpitudes. Brûler une ambassade à Téhéran ou à Damas sans l'aval des forces de l'ordre est inimaginable. En Palestine, les manifestations ont été récupérées par le Fatah, en perte de vitesse après sa défaite électorale. Et l'Iran crie d'autant plus fort au blasphème qu'il espère ainsi éloigner l'Union européenne de son programme nucléaire. [...]

Pourquoi avoir attendu trois mois pour descendre dans la rue ? Parce qu'on n'avait pas eu connaissance de la publication des caricatures ? Peu probable. De nombreuses agences de presse ont immédiatement fait état de la publication des dessins et des réactions qui s'ensuivirent. Déboutés par les juges danois, des imams se sont rendus dans des pays arabes pour y brandir les caricatures incriminées. Notons que certains d'entre eux, pour mieux indigner, ont ajouté des dessins, particulièrement obscènes, qui n'avaient jamais été publiés.

Quel gouvernement aurait pris le risque de se taire alors que les islamistes triomphent en Palestine et ailleurs ? La tentation était trop grande de se refaire une virginité en dénonçant les «sentiments antimusulmans des Occidentaux». L'occasion trop belle, pour les autorités saoudiennes par exemple, de reprendre à leur compte la mobilisation juste après la diffusion d'un message d'Oussama ben Laden, leur véritable bête n