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Libération

Réinventer le développement durable

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publié le 13 février 2006 à 20h19

L'idée d'action «durable» exerce une attraction particulière dans le petit monde de l'aide au développement. La distinction entre les actions «durables» et les autres va bien au-delà du respect de l'environnement, qui est l'acception la plus étroite de l'expression de développement durable. Pour paraphraser le proverbe chinois favori de ce milieu, une action durable vise à «apprendre à un homme affamé à pêcher» pour le nourrir pendant toute sa vie, plutôt que lui donner le poisson qui le rassasiera pour un jour. Sur le terrain, cette idéologie se traduit par la désaffection de certaines interventions «traditionnelles» (telles que la construction de routes ou la conduite de campagne de vaccination) au profit d'actions plus «durables», c'est-à-dire ne nécessitant pas, en principe, un financement extérieur après une mise de fonds initiale. Ainsi le microcrédit est-il souvent présenté comme l'action durable par excellence, puisque, après les coûts nécessaires à la mise en place d'une organisation, les intérêts payés par les clients servent à financer les frais d'administration des emprunts. En règle générale, les actions «durables» privilégient l'éducation et la sensibilisation, la mobilisation des communautés locales et, souvent, leur participation financière.

La préférence pour les actions durables semble découler du simple bon sens : si les bénéficiaires prennent en main une action, les donateurs peuvent utiliser leurs fonds à d'autres fins, et les bénéficiaires acquièrent leu