Superbe victoire d'associations françaises antiamiante et de Greenpeace, ce qui reste du Clemenceau va donc faire route vers Brest. Superbe victoire, aussi, de l'éthique, tant il est choquant de faire faire, par d'autres travailleurs soumis à des normes de sécurité peu contraignantes, le sale boulot de «déconstruction» de ce qui fut un superbe navire. Et pourtant... pourtant, quelques bruits viennent troubler ce triomphe de la morale : ici, le maire de Brest s'inquiète de la perspective de voir cette carcasse pourrir lentement dans la rade ; ici encore, l'association écologiste Robin des Bois s'inquiète du risque d'une prolongation de l'exploitation de navires hors d'usage, ou d'une revente à des sociétés offshore s'affranchissant du droit français. Là-bas, des ouvriers du chantier d'Alang menacent d'entamer une grève de la faim pour protester contre la perte d'emplois directement causée par cette décision de rapatriement. Quelques bruits qu'on aimerait tant ne pas entendre, mais qui viennent nous rappeler que la bonne conscience, jamais, ne s'acquiert à bas prix.
Car si les chantiers de recyclage de navires en fin de vie sont au Sud, c'est bien, en effet, parce que le coût de cette activité y est plus faible qu'au Nord. Et si les coûts y sont plus faibles, c'est entendu, c'est en partie parce que les réglementations visant à défendre la santé des travailleurs y sont moins protectrices. En termes économiques, les exigences de sécurité reposent sur la «valeur statistique de la