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TRIBUNE

Outreau, notre oubli de ce qu'est l'humanité

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par Michela MARZANO
publié le 20 février 2006 à 20h24

Depuis quelques semaines, tout le monde juge. Les acquittés d'Outreau, bien sûr, ne serait-ce que parce que ce sont eux les victimes innocentes de ce «système infernal». Mais aussi les journalistes et les politiciens, les experts et les honnêtes gens. Le plus souvent avec la même inhumanité et les mêmes partis pris qui ont transformé l'affaire d'Outreau en une catastrophe. On demande réparation, on cherche les coupables, on désire qu'ils payent. On accuse avec véhémence la Justice au nom de la justice et de l'humanité. Et c'est ainsi qu'on tombe progressivement et inexorablement dans le piège de l'inhumanité...

Les jugements tombent vite. Chacun a ses solutions. «C'est le fonctionnement de l'instruction qu'il faut repenser.» «C'est la culture du doute qu'il faut apprendre.» Mais ce n'est pas l'existence d'erreurs qui prouve qu'un système fonctionne ou pas. Dans tout système, à un moment où l'autre, il y a des erreurs. Croire que des réformes du système peuvent nous mettre à l'abri de l'erreur, signifie n'avoir rien compris du tout. Cela signifie aller droit vers d'autres «désastres». Car ce que révèle de terrible l'affaire d'Outreau pour notre société, c'est bien autre chose : notre oubli de ce qu'est l'humanité. N'importe quelle réforme du système ne nous mettra pas à l'abri des erreurs et des défaillances humaines. Car le propre de l'humain, c'est de commettre des erreurs...

Alors, que faire ? Faut-il, comme on l'entend partout, introduire la «culture du doute» ? Je «doute»