Offre publique d'achat (OPA) de Mittal Steel sur le sidérurgiste Arcelor, de l'allemand E. ON sur l'énergéticien espagnol Endesa, fusion de Gaz de France et de Suez... En ce début d'année 2006, les grandes manoeuvres sont reparties à vive allure dans le capitalisme européen, relançant le débat sur les politiques à mettre en oeuvre face à de telles opérations de fusion-acquisition. Les mesures anti-OPA envisagées par le gouvernement français ne permettent pas de répondre aux défis posés, car elles ne touchent pas à la racine du problème : les grandes entreprises, même privées, n'appartiennent ni à leurs actionnaires seuls, ni à leurs dirigeants du moment. D'autres réformes sont possibles, y compris dans un cadre franco-français, pour commencer à construire une gouvernance d'entreprise adaptée au «modèle social européen» et alternative au modèle américain.
La notion de «responsabilité sociale des entreprises» (RSE) fait désormais l'objet d'un consensus large en France comme en Europe. Même le Medef lui paie régulièrement tribut. Que signifie-t-elle ? Que les actionnaires ne sont pas les seuls propriétaires légitimes d'une entreprise : leurs dirigeants doivent rendre des comptes sur leur gestion et demander leur avis, non seulement à ces actionnaires, mais aussi à leurs salariés, aux représentants des Etats et des collectivités, là où leurs établissements sont implantés, aux associations qui veillent sur la qualité de l'environnement... Bref, à toutes les «parties prenantes» con