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Libération
TRIBUNE

Grippe aviaire, une volée de névroses dans l'air

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par Michel LEJOYEUX
publié le 8 mars 2006 à 20h34

Face à la menace de la grippe aviaire, nous devons assumer un double défi : nous informer de la progression du virus et, dans le même temps, résister à l'overdose de nouvelles. La première partie du contrat est bien remplie par mes collègues infectiologues, les autorités de santé et les instituts de veille sanitaire. Les journaux relaient leurs annonces. Ils nous tiennent au courant des mutations d'un virus qui est devenu presque un intime et que nous avons appris à appeler par son nom, H5N1. Mais, face à l'angoisse que distillent ces news, nous sommes bien moins aidés. «La volaille anxieuse, écrivait Libération, redoute la psychose.» Un autre quotidien nous parle d'une «maladie mondiale» dont nous sommes tous les victimes potentielles.

Les plus anxieux sont les premiers atteints non pas par le virus H5N1 mais par les effets de cette overdose d'information. Ils y réagissent de deux manières qui ne s'opposent qu'en apparence. Certains fuient l'actualité, éteignent leur poste de radio ou de télévision et sautent les pages du journal qui leur parlent de maladie. D'autres tentent de se rassurer par la boulimie : ils accumulent dépêches, résultats d'expertise et photographies. Ils sont secrètement convaincus qu'étant les mieux informés, ils seront peut-être les moins exposés à la pandémie. Ils trouvent dans les blogs et les nouveaux médias des rumeurs et des actualités inédites ; ils s'approprient les diagnostics les plus pessimistes. Ils peuvent même programmer leur téléphone por