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Libération
TRIBUNE

Laisser l'école aux éducateurs

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par Philippe CASTEL, Rémi DULOQUIN et Marie-Caroline GUERIN
publié le 8 mars 2006 à 20h34

Depuis quelques mois, ministre de l'Intérieur et ministre de l'Education se marquent à la culotte dans leur course aux solutions faciles. L'un parce qu'il sait depuis longtemps que le populisme sécuritaire paye, l'autre parce qu'il n'a pas reçu les moyens dont le système scolaire a pourtant grandement besoin pour se voir assurer une meilleure efficacité. La mode est ainsi au développement de réponses policières, alors qu'est volontairement organisé le déficit en personnels d'éducation, et si le ministre de l'Intérieur a décidé de prendre une longueur d'avance en utilisant le département qu'il préside comme champ d'expérimentation, le ministre de l'Education nationale va chercher en Angleterre les potions magiques qui lui permettent de ne pas regarder ce qui, dans le système éducatif français, fonctionne déjà et pourrait mieux fonctionner, pour peu qu'on l'envisage avec sérieux.

Ainsi des conseillers d'éducation : environ 12 000 pour l'ensemble des établissements scolaires du second degré, ils encadrent en moyenne chacun plus de 500 élèves, avec des écarts très importants d'un établissement à l'autre (plus de 800 élèves par conseiller d'éducation pour certains). Ni enseignants, ni surveillants, ni administratifs, mais résolument éducateurs, les conseillers principaux d'éducation (CPE dans le jargon de l'Education nationale) jouent un rôle spécifique complémentaire de l'acte d'enseignement assuré par les professeurs, rôle qui n'a d'ailleurs pas d'équivalent dans les autres pays