Le «Rebond» de Tristan Poullaouec intitulé «Le diplôme l'arme des plus faibles (Libération du 6 mars) illustre la manière idéologique dont on traite, en France, la question de l'inflation des diplômes et du déclassement des diplômés, que l'actualité remet régulièrement sur le devant de la scène. Car ce ne sont pas là des «théories», comme le dit l'auteur, mais des faits avérés, même si, comme toujours, les constats doivent être nuancés.
Décrire le déclassement des diplômes, ce n'est pas nier que les jeunes en ont besoin pour se placer, et que les moins favorisés d'entre eux en ont plus besoin que les autres. Ce n'est pas non plus prôner une régression générale des niveaux éducatifs, car s'instruire ne sert pas seulement à s'insérer, et l'on peut penser que la culture et l'éducation ont une valeur en elles-mêmes. Il conviendrait néanmoins de se demander si les jeunes sortent toujours grandis d'études toujours plus longues, qui sont souvent plus une contrainte qu'un choix. Décrire le déclassement, c'est prendre au sérieux l'amertume des jeunes dont plus du tiers se disent «sous-utilisés» dans leur emploi, même si les adultes qui doivent tout à leur diplôme leur disent que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Parler de déclassement, c'est encore dénoncer les propos lénifiants de l'administration de l'Education nationale elle-même qui, face aux énormes difficultés d'insertion de certains jeunes diplômés, affirme qu'un jour tout finira par s'arranger puisque les plus diplômés s