Quand la nuit tombe sur les cortèges, le policier désemmaillote sa matraque du coton qui l'enrobait et entreprend, à vigoureux tours de bras et coups de bidule, de séparer le «vrai jeune» manifestant, comme dit Sarkozy, de la «racaille» émeutière. Ce dut se passer comme ça, samedi, place de la Nation, mais il faudra un peu de temps pour l'établir. Telle qu'énoncée officiellement, la rencontre dramatique du crâne de Cyril Ferez avec un tonfa manqua passer pour la relation d'un accident de la circulation policière. «Un mec bourré» qui n'avait à l'évidence rien à foutre là, une charge sous caillassage, un corps qui fait obstacle, piétinement, Fatalitas... Dans un premier temps, on y aurait presque cru, comme on aurait presque cru aux simagrées du ministre Robien exhibant l'autre samedi dans la cour de la Sorbonne des lambeaux d'incunables que des «casseurs» auraient brûlés. Comme on aurait presque gobé, en novembre et à Clichy, la fable selon laquelle nulle poursuite policière ne contraignit trois gamins à se réfugier dans l'enceinte d'un générateur d'EDF, où deux laissèrent leur peau. Las ! Les témoignages rapportés dans ces pages (Libération du 21 mars), et que l'enquête devra prendre en compte, ont d'ores et déjà jeté un doute redoutable sur la version de l'IGS. Le taux d'alcoolémie (2 g à pas d'heure de la nuit, qui en induiraient 2,7 lors du drame) du syndicaliste de SUD se ressasse avec une vicieuse insistance qui n'a d'autre fin que d'absoudre d'avance la bavure, mais so
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