La bataille du CPE le démontre une fois de plus : les Français détestent l'évolution de leur société. Ils constatent que leur fameux modèle social est un échec et peut-être une impasse : chômage de masse depuis trente ans, blocage de l'ascenseur social, épuisement de l'intégration, multiplication des insécurités, déficits publics abyssaux. Toutes les enquêtes le prouvent, les Français sont les Européens les plus anxieux, les plus pessimistes sur leur avenir. Ils sont conscients de la nécessité du changement. Ils constatent le raz de marée de la mondialisation, le surgissement de la Chine ou de l'Inde, les formes implacables des nouvelles concurrences. Ils observent que tous les autres pays européens s'adaptent à marche forcée. Seule une petite minorité croit à la chimère du repli national et de l'enfermement tricolore. Comment ignorer qu'un salarié du privé sur quatre vit des exportations et que la France est le pays d'Europe continentale qui accueille le plus d'investissements internationaux ? Le psychodrame français est que chacun comprend l'urgence de métamorphoses mais que la plupart les redoutent.
Dans leur majorité, les Français ne veulent pas de la solution libérale. Ils sont attachés, plus que les autres Européens, à la puissance de l'Etat, fût-il envahissant, inefficace. Ils se méfient de la décentralisation tout archaïque qu'il soit, le jacobinisme reste populaire , ils tiennent à leurs services publics, ils sont allergiques à l'expérimentation, à la différenciat