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Libération

Chirac, président laconique

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publié le 29 mars 2006 à 20h45

Parmi les Français, 83 % souhaitent entendre Jacques Chirac s'exprimer à propos du CPE, selon un sondage réalisé jeudi et vendredi par l'Ifop pour le Journal du Dimanche. La France compte donc aujourd'hui 83 % de citoyens frustrés, puisque le Président n'a accepté de prononcer sur le sujet que quelques mots, aussi millimétrés qu'ambigus. Le chef de l'Etat s'affirme pour l'application de la loi, comme le veut Dominique de Villepin, mais après un dialogue social préalable, comme l'avaient réclamé en vain les syndicats. Jacques Chirac se confirme comme le président de la République le plus lapidaire depuis le maréchal de Mac-Mahon. Tout ce que l'on sait officiellement est qu'il se présente en villepiniste souple, si l'on peut risquer l'oxymore.

Cette réserve aussi délibérée qu'anachronique, puisque après tout c'est Jacques Chirac qui a été élu par les Français pour conduire les affaires de l'Etat et non pas Dominique de Villepin, s'explique par une bonne raison et par quatre mauvaises. La bonne est que, face à une crise sociale sérieuse et susceptible de basculer à chaque moment dans la violence, le chef de l'Etat doit se tenir en seconde ligne et apparaître comme l'instance d'appel si les choses tournent mal. Il est, comme le veut l'équivoque institutionnelle, à la fois le responsable de l'exécutif et l'arbitre suprême. Il est dans la mêlée et au-dessus de la mêlée. Il a autorisé l'adoption d'une mesure qui a déclenché le plus gros conflit social de son second mandat, mais il d