Que le CPE puisse être à l'origine d'une baisse du chômage dans l'année à venir n'est pas impensable, même si cela n'est pas sûr. C'est très probablement, par contre, le calcul que font les responsables au pouvoir surtout ceux désireux de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Mais l'enjeu par rapport aux chiffres du chômage à court terme n'est pas le seul. Et l'on devrait tout autant s'interroger sur ce que représente une telle mesure par rapport au travail.
Pour répondre à une telle question, il faut revenir sur ce qu'est le contrat de travail salarié. C'est-à-dire avant tout l'achat par l'employeur d'une fraction de temps humain. L'employeur achète et s'approprie en effet une partie du temps de son salarié, dont celui-ci est dépossédé. Cette fraction de temps appartenant désormais à l'employeur, il lui revient de trouver les modalités les plus efficaces, les plus rentables de son usage. Source de grand dilemme pour les employeurs en fait : comment être sûr de faire l'usage le plus profitable de ce temps payé. Le taylorisme fut en son temps une réponse apportée à cette question décisive : le consultant qu'était Taylor à l'époque prétendait en effet apporter la solution grâce à sa méthode d'organisation scientifique du travail, qui assurait d'obtenir le one best way, la manière optimale d'organiser techniquement et socialement le travail. Celle-ci consistait essentiellement à décomposer l'activité de travail en séquences simplifiées et restreintes assorties de