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TRIBUNE

Finkielkraut, Lévy en vis-à-vis

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Livre. En une série d'entretiens publics, deux hommes de livres se rencontrent face au Livre.
publié le 29 mars 2006 à 20h45
(mis à jour le 29 mars 2006 à 20h45)

Alain Finkielkraut n'est jamais à son meilleur que lorsqu'il réfléchit et non lorsqu'il réagit, lorsqu'il cherche et non lorsqu'il prêche. Cet ouvrage de dialogues avec Benny Lévy en fournit la preuve. Face à ce dernier, désormais «survivant» à celui qui l'avait «réconcilié avec le monde de ses grands-parents», le philosophe confronte sa «piété laïque» à celle, juive orthodoxe, d'un Benny Lévy, foudroyé par une crise cardiaque à Jérusalem en octobre 2003.

En une série d'entretiens publics, deux hommes de livres se rencontrent face au Livre avec, comme passeur, Emmanuel Levinas, qui, d'une certaine manière, les «unit» et les «sépare», et qu'ils ont découvert à peu près au même moment. Benny Lévy, fort de nouvelles certitudes, «être très programmatique» face au «mélancolique» Finkielkraut (c'est lui-même qui le dit). Le premier, revenu à la «facticité juive, à l'indépendance juive», au «réel du Juif», bloc comme tout entier détaché du mont Sinaï, pour qui «le Bon Dieu a créé le Juif pour témoigner du vrai, c'est-à-dire pour étudier». Le second, tremblant devant «les petits soldats de l'empire du rien» ­ ses contemporains ­ et «la démocratie du ressentiment» remplaçant «la démocratie de l'émulation» dont il a été «des derniers bénéficiaires». Si, dans les dernières années, la grande affaire de Lévy aura été l'étude du texte saint, celle de Finkielkraut aura été celle de l'école laïque, morte désormais devant la production «à la chaîne d'ignorants sympa».

Deux manières, aussi, de