Lire, ou relire, dans Libération d'hier, cet édifiant papier narrant comment vendredi dernier, à Lyon, le ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances (1) a tombé le masque, fendu l'armure ou pété un plomb. Interpellé lors d'une réunion publique par Mansour Benaouda, 27 ans double bachelier + 5 (et plus trois encore à chercher un emploi), le gentil-ministre-écrivain-sociologue-issu-des-quartiers-difficiles-et-de-l'immigration se révéla enfin membre d'un gouvernement qui regarde un Arabe porteur d'une caméra comme un berger allemand renifle un taulard évadé. Oublieux soudain de ses postures qui passent si bien à la télé, de sa gouaille volontariste et de son connivent franc-parler, Azouz Begag eut ce réflexe d'assiégé consistant à regarder a priori, dans un jeune un peu bronzé, l'agent terroriste et provocateur d'une cinquième colonne bolchevique infiltré sous les lambris des palais de la République à seule fin de le piéger, lui, Azouz «liberté-égalité-fraternité» Begag, enfant naturel et prodige de la laïcité.
Les lèvres pincées, l'index accusateur tendu vers l'objectif d'une caméra forcément importune, le tutoiement brutal des jours de flics à Clichy, tout, chez le ministre du ripolinage des cages d'escalier, exsuda soudain la paranoïa réflexe du vigile de supermarché. Effet de dédoublement garanti : aux antipodes de ce qu'à l'automne, il affichait d'indépendance prétendue vis-à-vis de son collègue de l'Intérieur, Begag semblait en être devenu le petit rapporteur