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Libération

La lepénisation de Villiers

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publié le 26 avril 2006 à 21h02

Depuis vingt ans exactement, Philippe de Villiers est, au sens littéral, l’homme politique le plus réactionnaire de France. Depuis un an ou deux, il se métamorphose : il passe de Charles X à Déroulède, du talon rouge au brodequin populiste, de la droite nostalgique à la droite frontiste, de la Fronde aux Ligues, de Bonald à Le Pen. Le président du conseil général de Vendée saute quelques siècles en quelques mois. Il rêvait d’une France contre-révolutionnaire, il milite maintenant pour une droite extrémiste. En se lepénisant, il se modernise, mais il se dégrade. Jadis, il était provocant ; dorénavant, il devient dangereux. L’aristocrate anachronique, mais au moins cohérent, ne gagne pas à se convertir à l’extrémisme plébéien.

Philippe de Villiers a toujours agacé, défié, irrité, exaspéré. Pendant longtemps, il l’a fait avec un certain chic, avec une logique surannée et même ostensiblement décalée, mais, à sa manière, courageuse et sincère. Après tout, il a été le seul haut fonctionnaire, sous-préfet de Vendôme, à se faire mettre en disponibilité en 1981, aussitôt après la victoire de la gauche, et à démissionner en 1984. Il se refusait à servir la République mitterrandienne, il accordait ses actes avec ses idées. Bien entendu, c’était pour organiser de son mieux une violente contre-offensive, d’abord culturelle (le Puy du Fou), puis politique. Villiers se situait à la droite du giscardisme, ou plutôt en arrière. Qu’il s’agisse de moeurs, de questions de société, de style ou de