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Libération
TRIBUNE

«Si jeune et déjà anglais?»

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Lettre au président de la Commission européenne au nom du réalisme et de l'imagination.
publié le 9 mai 2006 à 21h10
(mis à jour le 9 mai 2006 à 21h10)

Monsieur le président de la Commission européenne.

Le fiasco des référendums organisés en France comme aux Pays-Bas sur la Constitution européenne montre, hélas, que nos Saints-Pères fondateurs (béni soit leur nom) ont eu tort de se fier aux Etats-nations pour construire l'Europe, et que leurs héritiers ont eu tout aussi tort de miser, pour ce faire, sur les lois du marché. En ma qualité de directeur général de la direction générale européenne (qui reste à créer) à l'Imagination politique, j'ai l'honneur de soumettre à votre attention une proposition qui devrait permettre de sortir de l'impasse en relançant le processus grippé de construction européenne.

Aux termes de cette proposition, la nouvelle Europe ne serait plus entendue comme un mariage de raison entre Etats-nations, mais comme une union organique entre castes sociales et catégories professionnelles complémentaires, chaque peuple européen y allant de son génie propre sans jamais se faire violence. Ainsi, les Français, dont 73 % des jeunes aspirent, semble-t-il, à un avenir de fonctionnaire, constitueront la caste des scribes et bureaucrates de la nouvelle Europe. L'Espagne, qui aura réussi une transition parfaite vers la démocratie, et qui aura, en outre, très heureusement marié la république à la monarchie, fournira à l'Europe ses politiciens. Les Allemands, dont les produits manufacturés sont entourés d'une aura mythique de qualité (il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter claquer la portière d'une voiture alleman