Une enseignante est agressée par un élève, et l'action est tranquillement filmée par un autre qui exhibe ensuite le trophée sur l'Internet. Ailleurs, ce sont d'autres prouesses qui sont enregistrées et diffusées: des violences physiques, sexuelles, des scènes d'émeute et de destruction de biens, des affrontements entre groupes rivaux, des agressions mineures dans la rue sur des inconnus à l'image du happy slapping («joyeuses baffes»). Ces scènes deviennent ensuite des sortes de médailles envoyées sur l'Internet pour valider l'exploit. Par ailleurs, d'innombrables sites tiennent à la disposition des amateurs des répertoires de scènes de viols, de tortures, de meurtres que n'importe qui peut télécharger moyennant finance.
Sur un autre registre, mais lié, des chaînes commerciales passent à des heures de grande écoute (de grande vision plutôt) des séquences d'ultraviolence empruntées à l'actualité, sans grand souci de la souffrance des victimes ou de leur famille. Des émissions spécialisées les réunissent parfois dans des sortes de best-of. Sur un mode plus soft, les émissions fondées sur le principe de «piéger» quelqu'un dans la vie quotidienne pour jouir en voyeur de la situation se multiplient, sollicitant même des enfants, mettant à vif le nerf des adultes. Des téléspectateurs eux-mêmes envoient les séquences vidéo où un proche s'est involontairement couvert de ridicule ou blessé. Le happy slapping est dans l'air du temps comme une sorte d'ambiance générale. Des émissions cul