«Honteux, impardonnable», «une terrible tragédie», «manque de responsabilité catastrophique», autant de citations de quotidiens de ces derniers jours. Non, elles n'évoquent pas le génocide au Rwanda ni l'effroyable catastrophe ferroviaire en Espagne, mais un carton rouge sorti contre un footballeur, l'un des quelque vingt cartons rouges du dernier Mondial. Et seul ce carton rouge a réussi à jeter hors d'eux des milliards de spectateurs et les médias de la planète. Cette expulsion, considérée de sang-froid, n'a rien d'extraordinaire. Il ne s'agissait pas, en l'occurrence, d'un joueur s'essuyant les crampons, de bon coeur, sur un adversaire afin de le blesser ou d'une agression susceptible de mettre fin à la carrière d'un joueur, mais d'une perte de contrôle momentanée, habituelle dans un sport aussi «hormonal» que le foot. Seulement voilà... Cette fois, il s'agit de Zinédine Zidane, un joueur qui, depuis des lustres, a cessé d'être autonome et en droit de prendre les pires décisions et s'est métamorphosé, à son corps défendant, en bien public. Comme une terre réquisitionnée afin d'y construire une autoroute, Zidane est devenu notre propriété. La possession des citoyens du monde et des médias prétendant exprimer ces derniers. Et, comme tous les actionnaires, nous tous exigeons de Zizou qu'il se conduise selon nos désirs et non, qu'à Dieu ne plaise, selon ses instincts et ses faiblesses d'homme.
En 1998, le monde entier a vu un Ronaldo pétrifié en finale. En 2006, nous av