Marguerite Duras me manque. Elle aurait écrit aujourd'hui sur Zidane. Elle aurait écrit et m'aurait prodigieusement énervée. Mais elle aurait écrit. Elle ne serait pas passée à côté de ces quelques mots lâchés, puis répétés par un homme en bleu, de ces quatre pas pour tenter d'y échapper d'un homme en blanc, et de cet arrêt brutal de tout. Tout. L'argent, la gloire, la peur des autres du monde entier Ñ rien n'a arrêté l'homme en blanc. Il fallait que le temps se suspende. Il fallait dire non.
Dans un grand moment d'écoeurement collectif, la France et le monde entier s'indignent d'une telle violence. De LA violence. Chacun sait combien la violence est extérieure à l'homme et à son histoire, c'est un mal qui lui tombe dessus de temps en temps par pur accident, je vous prie de le croire. Et en aucun cas la violence ne peut être considérée comme structure de l'être humain, voire expression de sa dignité ou d'une certaine idée de la justice. En aucun cas.
La violence, c'est vilain. Marquer un but, c'est beau. Le carton rouge, c'est caca. La coupe, elle, elle brille. Elle a brillé la coupe, au bout des bras de l'homme en bleu qui avait trouvé les bons mots pour pallier la médiocrité footballistique de son équipe. Il avait dit ce qu'il fallait pour renvoyer le fils d'immigré à la case départ : vilain, vilain geste.
Pas un pour se lever et s'étonner de cette nouvelle tactique mondiale en matière de sport : l'injure érigée en arme légitime, en instrument de victoire. L'injure raciste,