La conférence euro-africaine sur la migration, au début du mois à Rabat, a consacré le traitement répressif qui a été de mise, jusque-là, de la question des migrations subsahariennes. Deux faits majeurs auguraient déjà de la consécration de cette conception. Trois semaines avant l'ouverture de la conférence et le jour même de la célébration de la journée mondiale du réfugié (le 20 juin), quatorze pays européens décidaient, en appui de l'Espagne, d'un déploiement militaire (naval et aérien) pour contrer les flux migratoires africains. Cette décision intervenait deux semaines après la conférence préparatoire de Dakar, où le document (confidentiel) élaboré est surtout un inventaire de mesures répressives qui se veulent «audacieuses»,«rapides» et «tangibles» par ses auteurs.
Après les inquiétudes suscitées par les indiscrétions qui ont filtré de ce document, la déclaration finale de Rabat s'est voulue plus équilibrée, vantant les mérites de la migration et évoquant autant le développement, en mettant en avant le nécessaire respect de la dignité des migrants. Mais, en dehors de la seule décision pragmatique consistant à réduire le coût, aujourd'hui prohibitif, des transferts de l'argent des émigrés, les autres mesures sont un simple catalogue de voeux pieux pour lesquels aucun financement spécifique n'est prévu, la déclaration se contentant d'évoquer le «recensement» et l'«optimisation des fonds et des moyens institutionnels existants».