Le 11 juillet, les massacres de Srebrenica ont été commémorés pour la onzième fois au mémorial de Potocari, à six kilomètres de la ville : juste en face de l'ancienne usine désaffectée dans laquelle le bataillon onusien avait établi sa base. Là où la population s'était réfugiée, croyant à tort que ceux dont la mission était de la protéger la sauveraient du bain de sang prévisible. Cette année encore, 505 nouvelles dépouilles identifiées ont été mises en terre, ce qui porte le nombre des tombes du Mémorial à 2 526 sur un total de 8 372 disparus (hommes, femmes et enfants) répertoriés à ce jour, dont les noms et les dates de naissance sont désormais gravés sur une immense stèle circulaire.
Ainsi, chaque 11 juillet, Srebrenica et la Bosnie entière se rappellent-elles aux chancelleries occidentales qui préféreraient les oublier elles et les deux hommes de main de Milosevic les plus emblématiques, Radovan Karadzic et Ratko Mladic. Carla Del Ponte, procureur général du TPI s'est rendue à Potocari afin de dénoncer, une fois encore, le scandale de la liberté et de l'impunité offertes aux deux génocidaires depuis leur inculpation en 1995. La volonté politique de ne pas les arrêter les premières années après Dayton est avérée : jusqu'en 1997, Karadzic passait tous les jours impunément les check points de la Sfor, pour se rendre de chez lui au siège de son parti, en entité serbe de Bosnie, tandis que Mladic a poursuivi jusqu'en 2002 des activités militaires honorifiques en Serbie.