Il s'est produit dans notre pays un événement socioculturel de première importance: l'arrivée au journal de 20 heures de TF1 d'un journaliste noir, Harry Roselmack. Nous le connaissions déjà pour l'avoir entendu sur France Info, vu sur Canal + et sur i-Télé, et je ne voulais manquer pour rien au monde son premier rendez-vous avec les Français pour la grand-messe du soir, au journal le plus regardé de l'Hexagone. Je ne fus pas déçu. Pas une once de trac tangible, une voix chaleureuse, une élocution parfaite, bref: un journal concis, clair, mené tambour battant grâce à un débit légèrement plus rapide que celui de PPDA. Mais encore une beauté, un léger sourire, et pour tout dire une présence. Harry Roselmack a la grâce, et, de le voir officier ce premier soir avec autant d'élégance que de professionnalisme, je sus que personne ne s'était trompé sur la qualité du casting et que l'homme était pleinement à sa place.
Etre à sa place dans le monde, c'est n'avoir de compte à rendre à personne, sinon avec soi-même, c'est agir sur son territoire en seigneur, sachant pourquoi on est là et pas ailleurs, c'est remplir au plus près de la perfection le rôle que l'on nous a confié ou que l'on s'est choisi. La France, en retard pour exposer publiquement le fruit de sa diversité, rattrape ainsi, «symboliquement», son handicap.
Reste justement à ce que ce symbole de l'été se traduise encore dans les secteurs de l'industrie, mais surtout de manière exposée dans les films de cinéma et de télévision