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Libération
Critique

Dérive négationniste au Japon

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par Michaël Prazan
publié le 18 août 2006 à 22h58

Pour la sixième fois depuis le début de son mandat de Premier ministre, Junichiro Koizumi s'est rendu, dans le vêtement d'apparat officiel japonais, au temple Yasukuni honorer la mémoire des plus illustres combattants nippons parmi lesquels se trouvent quatorze criminels de guerre (Libération de mercredi). Comme à chaque fois, cette visite, théoriquement réprouvée par les termes de la Constitution pacifiste (qui, depuis le début de la gouvernance Koizumi, a pris du plomb dans l'aile), a suscité un tollé de la Chine et de la Corée du Sud, pour qui le souvenir des guerres d'invasion, puis de l'occupation par le Japon nationaliste, demeure un traumatisme brûlant. Mais, cette fois, la visite du Premier ministre japonais, dans le contexte actuel, prend une valeur symbolique plus forte et plus scandaleuse qu'à l'accoutumée. D'abord parce que c'est la première fois qu'elle a lieu le 15 août, date anniversaire en Extrême-Orient de la fin de la Seconde guerre mondiale ; ensuite parce qu'elle constitue en quelque sorte le testament politique d'un Premier ministre qui a oeuvré durant son mandat pour une remilitarisation de l'archipel, encourageant le regain des sentiments nationalistes ; enfin, parce que cette visite au temple Yasukuni célèbre en négatif l'anniversaire du «viol de Nankin», épouvantable massacre de la population civile de l'ancienne capitale chinoise, perpétré par les armées du Mikado il y a soixante-dix ans. C'est ce dernier point, avec l'affaire des «femmes de